
On imagine souvent les infirmiers à domicile comme des silhouettes pressées dans les rues encore endormies. Mais que se cache-t-il vraiment derrière ces allers-retours discrets entre les maisons et les visages familiers ? Voici un récit sincère, à hauteur d’homme, pour découvrir ce métier au plus près du réel.
Le réveil avant l’aube
5h45. Le silence est encore dense quand je me lève. J’ouvre mes yeux sur le carnet des visites que j’ai préparé la veille, parfois modifié en dernière minute par un appel reçu tard le soir. Une douche rapide, un café, et je rassemble mon matériel.
J’habite à une dizaine de kilomètres de mes premiers patients du jour. La tournée commence souvent avant que le soleil ne se lève, surtout en hiver. Il m’arrive d’apercevoir les volets qui s’ouvrent à peine pendant que je m’installe dans la voiture. Je démarre doucement, déjà concentré sur ma première intervention.
Ce métier demande une grande capacité d’organisation dès les premières heures. Les visites sont planifiées, mais les imprévus guettent toujours : un pansement qui prend plus de temps, une ordonnance incomplète, ou un patient qui a simplement besoin de parler un peu plus ce jour-là.
À cette heure-là, la ville dort encore. Et pourtant, derrière chaque porte qui s’ouvre, il y a une attente, une fragilité, une routine à honorer. Le soin commence dès le bonjour.
Une tournée qui ne se ressemble jamais
Chaque journée réserve son lot de particularités. Les soins varient autant que les personnes, et aucune visite n’est jamais exactement la même. C’est ce qui fait la richesse – et parfois la difficulté – de ce métier.
Suivi de soins chroniques
Une part importante de mes interventions concerne des pathologies chroniques : diabète, escarres, plaies post-opératoires. Je revois certains patients plusieurs fois par semaine, parfois même tous les jours. Il y a une forme de relation de confiance qui s’installe, avec le temps.
Situations d’urgence ou imprévus
Même avec un planning établi, il faut savoir réagir rapidement. Une personne qui chute, une infection qui s’aggrave, un changement de traitement inattendu… Chaque imprévu appelle à la fois calme et réactivité.
Moments humains au cœur du métier
On m’ouvre la porte, parfois en peignoir, parfois en silence. Parfois avec un sourire, parfois avec des larmes. Il faut être prêt à tout entendre, tout accueillir. Car oui, un soin, c’est aussi une présence, un lien. Parfois, je suis la seule personne que le patient voit dans la journée.
| Chiffres du jour | Moyenne observée |
|---|---|
| Patients visités | 8 à 12 personnes |
| Kilomètres parcourus | 30 à 50 km selon les zones |
| Types de soins réalisés | Pansements, injections, aide à la toilette, surveillance médicale |
« Chaque jour, je mesure à quel point la régularité d’un soin peut devenir un repère rassurant pour quelqu’un qui se sent isolé. »
– Témoignage d’un patient, Gosselies
Pause… ou presque
En théorie, la pause de midi devrait permettre de reprendre son souffle. En pratique, elle est souvent hachée, écourtée ou simplement inexistante. Le téléphone sonne : une infirmière coordinatrice a besoin d’une précision, un médecin généraliste demande un retour sur l’évolution d’un patient, un proche inquiet veut savoir comment les soins se passent.
Parfois, je profite de ce moment pour remettre en ordre mon matériel, relire une ordonnance, ou planifier le lendemain. Il m’arrive aussi de déjeuner en voiture, entre deux rues, avec la radio en fond sonore. C’est une pause qui n’en est pas vraiment une, mais elle fait partie de l’équilibre du métier.
Cette pause discrète est aussi un temps d’ajustement, de respiration mentale. Elle me permet de me recentrer avant la suite de la journée, qui demande autant d’attention et d’écoute que les premières heures.
Un appel de dernière minute peut tout chambouler. Il faut alors réorganiser sa tournée, trouver une solution rapidement, et rassurer le patient concerné. Être infirmier à domicile, c’est aussi improviser avec justesse.
Derniers passages, derniers mots
Les dernières visites de la journée arrivent souvent lorsque la lumière commence à décliner. Il s’agit parfois d’une injection du soir, d’un pansement à refaire ou simplement d’un passage de vérification. La fatigue commence à se faire sentir, mais l’attention reste la même.
Les échanges sont souvent plus courts, plus calmes. Le rythme ralentit légèrement, les visages sont fatigués. Chez certains patients, je suis le dernier contact humain de la journée avant la nuit. Une poignée de main, un sourire, une parole réconfortante : ces gestes simples comptent.
Une fois la tournée terminée, je reprends la route. Dans la voiture, je repense aux patients vus aujourd’hui, à ceux que je reverrai demain. Le travail ne s’arrête pas complètement : je dois encore encoder les actes, préparer le planning du lendemain, répondre à un ou deux messages en attente.
« Ce que j’emporte avec moi en rentrant ? »
C’est souvent la voix d’un patient qui me dit « Merci », ou un regard qui en dit plus long qu’un discours. C’est ça, être infirmier à domicile : laisser une empreinte discrète mais précieuse.
Pourquoi j’ai choisi ce métier
Beaucoup me demandent : « Pourquoi avoir choisi d’être infirmier à domicile, plutôt qu’en hôpital ? ». Ma réponse tient en un mot : proximité. Ici, chaque soin a un visage, chaque déplacement une raison, chaque visite une histoire.
Ce métier, je ne l’ai pas simplement appris. Je l’ai construit en avançant de maison en maison, en écoutant les inquiétudes, les silences, les confidences. J’ai compris que le soin ne se limite pas à une injection ou un pansement. Il commence bien avant, dans l’accueil, le respect, le lien.
« J’ai vu des regards s’éclairer parce que je revenais le lendemain. J’ai été le confident d’un ancien combattant, le soutien d’une femme en traitement, l’oreille attentive d’une dame seule. Ce sont ces moments-là qui donnent un sens profond à ce que je fais. »
Être infirmier à domicile, c’est un engagement quotidien. Un mélange d’endurance, d’organisation et de cœur. Et malgré la fatigue, je me couche souvent avec le sentiment d’avoir été utile.
FAQ – Tout savoir sur le quotidien d’un infirmier à domicile
Quels types de soins sont réalisés à domicile ?
Je prends en charge une grande variété de soins : pansements, injections, suivi post-opératoire, soins palliatifs, aide à la toilette, surveillance des constantes, etc. Chaque intervention est adaptée au besoin réel du patient, en lien avec l’ordonnance du médecin.
Peut-on prendre rendez-vous pour un proche ?
Bien sûr. Que vous soyez un membre de la famille, un aidant ou un voisin, vous pouvez me contacter directement pour organiser les soins. Il faudra simplement une ordonnance médicale valide pour que les soins soient pris en charge.
Comment s’organisent les horaires de visite ?
Je m’adapte autant que possible au rythme de vie du patient. Certaines plages horaires sont fixes (comme les soins du matin), d’autres sont plus souples selon la situation. La régularité et la ponctualité sont des priorités.
Le remboursement est-il automatique ?
Oui, je travaille en tiers payant, ce qui signifie que le patient ne paie rien s’il est en ordre de mutuelle et que les soins sont prescrits. En cas de question, je peux vous guider dans les démarches.
